Exposition "Ernest Pignon-Ernest : Papiers de murs"
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Voici pour tous, un petit compte-rendu de la visite réalisée avec les 5eA le mardi 26 janvier. Cela vous permettra d’en apprendre un peu plus sur l’exposition « Ernest Pignon-Ernest : Papiers de murs » de l’atelier Grognard à Rueil-Malmaison.
Vous trouverez ci-dessous quelques images et quelques explications succinctes. Je vous conseille la vidéo de l’exposition réalisée avec l’artiste : https://youtu.be/B5xxJd6_tcM
La classe a suivi deux visites guidées différentes, en voici une…
Après avoir pénétrés dans l’exposition, nous nous sommes assis devant cette œuvre...
...intitulée « Jean Genet », réalisée en 2006 et collée dans la ville de Brest.
Si vous voulez connaître la vie et l’œuvre de cet écrivain, voici le lien vers l’article du dictionnaire Larousse : https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jean_Genet/121085
Cette œuvre est impressionnante par sa taille (les personnages sont à taille réelle voire un peu plus grands…). L’impression du spectateur en voyant l’œuvre oscille entre violence (il semble que Jean Genet est plaqué au mur par ces deux hommes) et en même temps, nous avons la sensation qu’ils le soulèvent comme pour lui rendre hommage, le porter au ciel.
Cette œuvre comme beaucoup d’autres de Pignon-Ernest s’inspire de la peinture médiévale et moderne occidentale. C’est pourquoi ce dessin peut rappeler la mise en croix ou la déposition de croix de Jésus.
Pignon-Ernest explique qu’il a voulu rendre hommage à ce poète et écrivain talentueux tout en n’effaçant pas sa partie sombre, celle d’un voyou qui fut notamment arrêté pour vol.
Après la rencontre avec cette œuvre impressionnante par sa taille et sa force. Nous avons fait connaissance avec le poète palestinien Mahmoud Darwich.
Pignon-Ernest lui a rendu hommage en 2009 en affichant notamment son portrait sur le mur entre Israël et la Palestine, un an après sa mort. Pour Darwich, les israéliens et les palestiniens veulent la paix. Pour lui, aucun être humain ne souhaite la guerre.
La médiatrice nous a lu un poème de l’auteur intitulé « Sur cette terre » et nous a conseillé de l’écouter en arabe car en français il perd de sa mélodie. Voici donc pour celles et ceux qui veulent l’écouter, le poème mis en musique par Le Trio Joubran et lu en arabe par Darwish lui-même : https://www.youtube.com/watch?v=j6miYuCy_ZM.
Je copie ci-dessous la traduction en français du poème :
SUR CETTE TERRE
Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : l’hésitation d’avril, l’odeur du pain à l’aube, les opinions d’une femme sur les hommes, les écrits d’Eschyle, le commencement de l’amour, l’herbe sur une pierre, des mères debout sur un filet de flûte et la peur qu’inspire le soulèvement aux conquérants.
Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : la fin de septembre, une femme qui sort de la quarantaine, mûre de tous ses abricots, l’heure de soleil en prison, des nuages qui imitent une volée de créatures, les acclamations d’un peuple pour ceux qui montent, souriants, vers leur mort et la peur qu’inspirent les chansons aux tyrans.
Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : Sur cette terre, se tient la maîtresse de la terre, mère des préludes et des épilogues. On l’appelait Palestine. On l’appelle désormais Palestine. Ma Dame, je mérite la vie, car tu es ma Dame.
1986
Mahmoud Darwich, La terre nous est étroite et autres poèmes, Traduit de l’arabe par Elias Sanbar, Poésie/Gallimard, 2012, p.214.
Nous nous sommes, suite à une question d’un élève, arrêtés sur l’œuvre « Maurice Audin », mathématicien, communiste et militant pour l’indépendance de l’Algérie qui fut arrêté, torturé et assassiné par des français. Ernest-Pignon a voulu lui rendre hommage dans la ville d’Alger en 2003.
Nous avons continué vers la Pietà africaine créée pour l’Afrique du Sud qui évoque en une œuvre deux sujets : l’apartheid et le sida.
Une pietà est un motif récurrent de l’art occidental. C’est un mot qui désigne une Vierge de piété, c’est-à-dire la Vierge Marie portant dans ses bras Jésus, son fils. L’une des Pietà les plus connues est celle sculptée par Michel-Ange.
Par ailleurs, pour rappel, l’apartheid était une politique de séparation des personnes en fonction de leur couleur de peau en Afrique du sud.
Dans l’œuvre d’Ernest-Pignon, une femme noire campée sur ses deux jambes, forte et impassible porte dans ses bras un homme mort, telle une Pietà contemporaine. Peut-être son fils ? L’œuvre est créée au moment où le sida fait des ravages en Afrique du Sud. Pour Pignon-Ernest, les femmes sont celles par qui l’épidémie pourra être arrêtée et si l’apartheid a été aboli, il est également possible de vaincre le sida selon lui.
Après les rues d’Afrique du sud, nous sommes remontés par Naples et avons découvert les hommages de Ernest-Pignon au grand artiste baroque Caravage (1571-1610).
Dessin d’Ernest Pignon-Ernest
Michelangelo MERISI, dit CARAVAGE (CARAVAGGIO), La Mort de la Vierge,1601 - 1605/1606, Paris, Musée du Louvre
Naples est une ville qui oscille entre lumière et obscurité. C’est une ville extrêmement vivante et lumineuse mais qui est régie par des groupes mafieux qui oppressent la population locale. Cette situation rappelle la vie quelque peu dissolue de Caravage qui d’ailleurs meurt dans des circonstances troubles… Son corps est retrouvé sur une plage. Ainsi, il semble tout à fait logique de voir au détour d’une ruelle un hommage de Pignon-Ernest à Caravage...
Nous sommes, ensuite, restés à Naples et avons fait un bon dans le temps pour rencontrer Pier Paolo Pasolini, cinéaste, écrivain et poète italien, assassiné en 1975. Cette œuvre rappelle là encore une Pietà, mais ici, c’est Pasolini qui porte lui-même son propre corps… Effectivement, il est mort, mais son œuvre et sa présence sont encore bien vivantes. Pasolini critiquait la société de consommation et tous les travers de nos sociétés contemporaines. Son travail et sa vie restent controversés.
Pour finir, nous sommes allés rencontrer un dernier poète, Arthur Rimbaud, étoile filante de la littérature française… Cette œuvre de Pignon-Ernest est certainement la plus connue. A tel point qu’Arthur Rimbaud est souvent présenté par cette œuvre plutôt qu’avec le portrait originel…
Voici Ma bohème, l’un des poèmes le plus connu de Rimbaud :
Ma Bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (1870)
Après cette visite, forte en découvertes et en émotions, nous sommes passés à la pratique…
Les élèves ont choisi entre Rimbaud, Darwich et Pasolini, pour dessiner à la façon de Pignon-Ernest. L’autre groupe à quant à lui choisi de représenter une main (leur propre main à la façon de l’artiste). Les élèves ont pu expérimenter la technique utilisée par Pignon-Ernest et repartir avec leur dessin comme souvenir.
Une heure de préparation avant la visite a eu lieu avec les élèves et une heure après a permis de réactiver les connaissances des élèves et d’avoir leurs impressions sur cet artiste et ses œuvres.
Les deux autres classes de 5e vivront la même expérience si le contexte sanitaire nous le permet.
Place maintenant aux avis des élèves :
« L’exposition était bien car il raconte son histoire et il dénonce des injustices »
« J’ai bien aimé cette exposition car j’ai pu découvrir un nouveau style d’art. J’ai aussi aimé visiter cet endroit et les œuvres qu’il y avait à l’intérieur mais ce qui m’a vraiment le plus plu c’est quand on a terminé par le dessin de notre main »
« J’ai bien aimé cette exposition car ces œuvres portent un message. »
« J’ai beaucoup aimé l’exposition c’était intéressant et assez émouvant. »
« Je trouve que cette exposition est intéressante et on voit la vraie vie dans les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest. Et elles sont très bien faites. »
« J’ai beaucoup aimé l’exposition. Elle était très intéressante ».
« J’ai aimé l’exposition, mais c’était un peu ennuyeux. Ce que j’ai aimé c’est quand on a dessiné notre main »
« J’ai bien aimé l’exposition d’Ernest Pignon-Ernest car ses œuvres parlent de poètes et d’actions importantes qui défendent des droits et des gens qui ont besoin d’être défendus »
« L’exposition était très bien car les dessins reflètent des sujets réels de la vie quotidienne et c’était donc très intéressant. »
« J’étais intéressée quand la dame nous a expliqué les œuvres mais c’était un peu ennuyant. »
« J’ai trouvé cette exposition magnifique Ernest Pignon-Ernest a dénoncé plein de choses par la simple vue d’une œuvre. Ses dessins sont magnifiques et si réels, il a utilisé le trompe-l’œil et c’est ce qui fait que l’œuvre est si réelle. »
« J’ai pensé que c’était bien car il y avait un symbole de paix. On est tous unis ».
« J’ai bien aimé l’exposition »
« J’ai bien aimé cette exposition car je l’ai trouvé intéressante, j’ai appris plusieurs choses et j’ai aimé les ateliers de fin que l’on a fait (pour ma part j’ai fait les portraits) »
« Je trouve que ce qu’il fait c’est très bien. Ses œuvres sont travaillées et réfléchies. »
« J’ai beaucoup apprécié l’exposition, tous les tableaux de Ernest Pignon-Ernest étaient vraiment impressionnants et la sortie était vraiment intéressante. J’ai appris plein de choses et j’ai adoré l’activité de fin. »
« J’ai beaucoup aimé les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest. Sur ses œuvres il y a une émotion qui apparaît, et des œuvres rendent hommage aux écrivains. Surtout j’ai beaucoup aimé l’activité ça me permet de voir quelles sont les techniques d’Ernest Pignon-Ernest sur ses œuvres. »